Pic Carlit par le col Rouge
Par sa voie normale, le Pic Carlit (2921 mètres) , plus haut sommet des Pyrénées Orientales est assez fréquenté malgré le caractère montagnard de cet itinéraire. Il n’est pas rare d’y voir stationner plus de 100 personnes certaines belles journées d’été qui en effectuent l’ascension depuis le lac des Bouillouses.
Mais si on prend le parti de le rejoindre par l’envers du décor, par l’arête qui, du col rouge aux allures africaines en venant de l’est, trace une ligne panoramique suspendue jusqu’au sommet, la probabilité de croiser un être humain est bien plus faible.
Quand en plus dans un élan de solidarité, la brume décide de vous accompagner, la dimension esthétique de l’itinéraire se révèle. Dans ces minutes vaporeuses, le cerveau interprète et s’obstine parfois à vouloir voyager là même où il n’a jamais connecté un neurone. Verts saturés islandais, fumées volcaniques chiliennes ou souvenir lointain d’un rêve évanoui. Un bruit minéral indique la présence de deux isards qui s’échappent déjà entre 2 rais de lumière filtrés.
Plus loin, c’est une colonie de Lagopède qui d’un cri guttural s’éjecte en un lourd vol plané pour disparaitre tout à fait. Pour l’instant, le col des Andorrans s’ouvre en contrebas comme une respiration de la crête. Sa remontée nécessitera quelques précautions. C’est le brouillard qui impose une attention de la main sur le rocher détrempé. Nous nous imaginons seuls. La pente se fait moins marquée, la main n’a plus à équilibrer le corps en se posant sur les blocs rocheux. Et c’est le sommet.